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Le décès de Bernard Bouveret, résistant et déporté, homme de cœur et d’engagement

La Voix du Jura

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HOMMAGE. Bernard Bouveret, dernier passeur de Franche-Comté et Résistant, est décédé à 96 ans

France 3 Bourgogne Franche-Comté

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Bernard Bouveret, dernier passeur de Franche-Comté et résistant, est décédé à l’âge de 96 ans

L'Est Républicain

« Le Rendez-Vous des Sages », dernières pages…

… « Ni héroïsme, ni vertu particulière, ni bravoure exceptionnelle, ce n’est pas cela qu’il met en avant lorsqu’il parle de sa vie. Ce ne sont pas non plus les décorations reçues qui le troublent : Chevalier puis Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Combattant Volontaire et Croix de la Résistance, Médaille des déportés, Reconnaissance de Yad Vashem. Rien de tout cela pour lui faire enfler la tête !
Il dit simplement qu’il a « bien vécu ».
Et cela veut dire pour lui qu’il a fait beaucoup de choses, fréquenté beaucoup de gens, vécu des moments tellement divers, tragiques ou heureux, des situations tellement extrêmes…
Oui, il a aimé sa vie, dit-il souvent. Quelle qu’elle fût !
Et elle fut loin d’être facile, précise-t-il toujours en rappelant la mère trop vite partie, la guerre, la peur, le camp ; et puis, ce trop de mort autour de lui, ces trop de morts qui ont creusé de trop grands trous ; et puis encore tout le reste : se débrouiller à vivre au jour le jour, devoir quitter le coin qu’on aime et ce qu’on aime. Et voir aussi tant de méchanceté et de bêtise ramper partout…
Cependant ne s’arrête jamais à ce tour sombre de sa vie. Ajoute vite que, malgré tout, il a eu beaucoup de chance. Une chance dit-il qu’il a parfois un peu provoquée quand même parce qu’il a toujours « osé » ! Reconnaît qu’il a osé entreprendre et continuer d’avancer alors que tout semblait perdu ou bien barrait sa route ; a osé affronter les difficultés en refusant de baisser les bras ; a osé se défendre quand la bêtise et l’injustice semblaient insurmontables....
« C’est comme ça qu’on force un peu le destin de temps en temps ! » dit-il en souriant.
Et puis, ne pas oublier ce goût de la liberté acquis depuis son enfance au pied du Risoux. Un goût de vie et d’indépendance qui ne l’a jamais quitté, dit-il, et qu’il s’applique toujours à cultiver.

C’est pour tout cela qu’il peut dire avoir « bien vécu » ! Comme s’il avait goûté à plusieurs vies en acceptant pleinement que chacune d’elles lui offre sa part de réussites et de plaisirs, mais aussi sa part de peines, de déboires et de grandes douleurs.

Et tandis que, dans l’odeur des sapins, nous gravissons par le chemin qu’il connaît si bien, la pente menant au « Rendez-Vous des Sages », il me dit que c’est tout cela qui fait la vie. Même quand elle est atroce à vivre. Que les images de Dachau, il ne les a jamais ressorties de sa mémoire pour les ressasser, pour qu’elles agitent en lui quelque chose de morbide, de haineux ou de désespérant. Ce n’est qu’un « passage douloureux» qu’il a vécu. Veut le voir ainsi. Comme un moment où il aurait entrevu que l’essentiel était de vivre. Que ce temps-là était compté et qu’il ne fallait pas se le faire voler par ceux qui cultivent la haine de la vie.
C’est pour cela, dit-il, qu’il parle parfois de ce temps d’horreur. Pour qu’on se souvienne et qu’on ne laisse pas quelques assoiffés de pouvoir et de gloire, détruire la vie et la liberté pour mieux asseoir leur tyrannie. Ne pas laisser le passé être effacé : c’est un devoir. Il le dit. Précise que c’est écrit sur la Reconnaissance de Yad Vashem qu’il a reçue en remerciements de son aide aux Juifs passés en Suisse : « Se souvenir du passé pour forger l’avenir ».
C’est cela qui compte dit-il. Que l’on témoigne encore pour dire ce que des hommes ont pu infliger à d’autres hommes. Pour qu’on sache bien que cet enfer a existé et que la haine instrumentalisée, quand elle déferle, n’a plus de limite et dégénère en violence destructrice. Etre vigilant à ne pas la laisser s’installer et croître, même dans de tous petits espaces du quotidien où elle pourrait se nicher.
Et il conclut que ça peut pousser très vite, ce genre de graine-là…


Assis sur une marche de cette cabane forestière qui, tant de fois, lui a servi de halte ou de relais dans ses « passages », il est silencieux. Emu. C’est un temps de sa vie qui est là, au « Rendez-vous des Sages ». Le temps de ses vingt ans. Avec tous les amis qu’il avait autour de lui : Achille et Popol, Gilbert et Fred, Paul aussi, et puis Misette et d’autres encore.
Un autre passage de sa vie que celui-là ! Un passage qui a compté et dont je suppose, à présent que son regard s’en est allé vers un lointain que je devine, qu’il voit défiler en lui, rien que pour lui, les images qui s’y rapportent. Comme celles d’un film où il était. Le film de l’une de ses vies …

Et soudain, un sourire éclaire son visage et, dans la douceur de ce jour d’automne où la brise ose à peine effleurer les pives des sapins et les faines des hêtres, il dit doucement, comme s’il ne voulait pas troubler la profondeur indéfinissable de l’instant :
- On est bien par ici, n’est-ce pas ?

C’était en Novembre 2009

… Aujourd’hui, ce Sage s’en est allé, ses Rendez-Vous vont nous manquer…. »

Gisèle


A notre ami Bernard,

Comme il nous est difficile de ne pas être là, comme beaucoup d’autres de l’association « Le Mur aux Fleurs de Lys » pour t'accompagner à ta dernière demeure, de ne pouvoir te rendre hommage comme il se doit, de ne pas apporter un peu de réconfort à ta famille en les serrant dans nos bras....
Tu as « cambé » le mur une dernière fois, ce mur que l'on pensait infranchissable pour toi, vu ta santé, pour nous tu étais immortel.
Merci pour les bons moments partagés à raconter humblement tes souvenirs inépuisables.
Tu nous as transmis des valeurs humaines qui ont, malheureusement, tendance à disparaître dans ce monde si perturbé.
Une grande famille s'est créée autour de toi grâce à la rando des passeurs. Tu appréciais nos réunions suivies d’un petit casse-croûte convivial et les soirées s’éternisaient car tu n’arrivais pas à débrancher la clé USB…
Nous avons beaucoup appris sur la vie autrefois de Chapelle des Bois et Foncine en dégustant une bonne fondue à la citerne, à l'auberge ou lors des réveillons de Noël sans oublier l’incontournable Rendez-vous des Sages.
Ca va être dur de passer devant le chalet sans te voir assis sur ton banc ou traverser la route avec une brouette pleine de bois... Quand tu étais là, c'était du bonheur de s'arrêter devant chez toi, tu étais toujours heureux de discuter, de nous raconter encore de nouvelles anecdotes avec humour et malice, nous offrir un verre : allez, tu montes boire un pont ! et après de nous dire : vous reviendrez.....
Maintenant, c'est nous qui avons ton histoire dans la tête que nous aimerons raconter à nos proches avec respect et admiration, ainsi tu seras toujours là, à nos côtés....
En espérant pouvoir te rendre un hommage digne de ton nom et de ta grandeur quand cette pandémie nous laissera un peu de répit.

Au revoir. Tu es et resteras à jamais un grand homme dans notre cœur, MERCI.

Alain & Nelly


Cette nouvelle nous attriste profondément. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir côtoyer ce grand Monsieur. Une pensée pour ses proches avec qui nous partageons ce moment douloureux.
Yolande et François
Très triste nouvelle de ne plus voir ce grand homme à Chapelle ou au rendez-vous des sages.Nous envoyons nos meilleures pensées à sa famille en regrettant de ne pas être présent, pour les accompagner, dans ses durs moments.

Michèle et Claude


Merci de nous avoir fait part de cette triste nouvelle, nous qui ne sommes pas sur place.
Merci aussi, de transmettre notre soutien à toute sa famille, ses amis, et aux membres du Mur pour qui, il fut notre "étoile", toujours humble et discrète.
Bernard fut un bel exemple pour la liberté, et le sera encore dans nos vies, dans ce monde, toujours plus soumis aux populismes, aux sectarismes, aux autocrates.
Qu'il reste un modèle pour nous tous.

Christian & Valérie


Chers amis, bonjour à tous et tout particulièrement à la famille de Bernard BOUVERET
Nous avons connu Bernard à notre arrivée à Chapelle, à travers la randonnée découverte du Risoux et de toute son histoire .
Combien nous avons apprécié les échanges que nous avons eu avec lui.
Et puis il y a eu la rando des passeurs et là encore que de bons moments passés à discuter.
C’était une mémoire collective à lui tout seul,
heureusement, il a passé beaucoup de temps à transmettre.
A nous tous de garder cet esprit et de continuer à transmettre.
Merci Bernard.
Nous serons en pensées et en prière avec toi et vous tous cette après-midi … de confinement.

Thérèse et Jean-Marie


Merci Alain pour ton hommage rendu à Bernard. tu as su merveilleusement exprimer ce que nous ressentons tous après cette triste nouvelle
Oui nous croyions Bernard immortel...... il vient de nous quitter paisiblement pour son dernier voyage mais il restera toujours vivant dans notre coeur
amitiés

Chantal et Pierre